Enquête exclusive

Ni taxes, ni État : qui sont ces libertariens qui révolutionnent l’Amérique ?

Au large du Honduras, l’île de Prospera est un mirage high-tech sorti des eaux turquoise. Des jeunes gens riches et souvent brillamment diplômés ont privatisé cette enclave pour y vivre sans règles. Ils s’implantent des puces électroniques sous la peau, expérimentent sans soucis d’éthique et le soir, entre deux cocktails, se battent à coups de poignards-tasers, comme dans un remake de « Fight Club ». Prospera n’est pas un ovni : c’est la nouvelle vitrine des libertariens, un mouvement planétaire qui place la liberté individuelle au-dessus de tout. Son crédo : État minimal, impôts réduits au strict nécessaire, quasi-absence de règles institutionnelles. Longtemps marginal, le mouvement accède aujourd’hui aux plus hautes sphères. Ses adeptes, comme Elon Musk ou Peter Thiel (fondateur de Paypal et Palantir), révolutionnent le monde du business comme de la politique, avec J.D. Vance, le vice-président américain, bras droit de Donald Trump. Mais nous avons découvert que depuis quelques années, en toute discrétion, les libertariens ont fait d’un État, le New Hampshire, leur tremplin vers le pouvoir. Là-bas, le “Free State Project” rassemble des milliers de militants. Leur méthode est simple : ils s’installent, se présentent aux élections locales, puis réduisent les impôts et les dépenses publiques. Et enfin, ils confient au privé ce que l’État faisait hier : écoles, hôpitaux, infrastructures. Pour eux, la liberté passe d’abord par la responsabilité individuelle et la concurrence. Pour leurs opposants, c’est un dangereux démantèlement du bien commun. Aux États-Unis, un système parallèle se met en place. Des ateliers d’impression 3D produisent des armes impossibles à tracer. Dans la sphère « crypto », on invente des moyens de payer et d’investir loin des banques et des régulateurs. Starbase, au Texas, le site spatial d’Elon Musk fonctionne déjà comme une ville-entreprise. Starbase est même officiellement devenue une municipalité depuis mai 2025. Les infrastructures et les règles dépendent du multimilliardaire. Les habitants sont pour la plupart ses salariés. Mais la tension monte déjà avec les autochtones et les associations de défense de l’environnement. Avec des témoignages inédits et une immersion aux frontières de la science-fiction, Enquête Exclusive révèle la percée fulgurante d’une idéologie qui, au nom de la liberté, menace les fondements mêmes de la démocratie.