Travaux, aides et arnaques : enquête sur la rénovation énergétique
Faire des économies d’énergie, qui n’en rêve pas ? Le problème, c’est que nos maisons et nos appartements sont souvent mal isolés. En France, 6,5 millions de logements sont même considérés comme des passoires thermiques. Difficiles à chauffer en hiver, ils se transforment en étuve l’été. Durant plusieurs mois, nous avons suivi des Français qui ont décidé d’y remédier. Ils se sont lancés dans le chantier de leur vie afin de faire baisser leur facture de gaz ou d’électricité. Quelles sont les bonnes techniques de rénovation pour y parvenir ? Pour s’en sortir à moindre coût, certains ménages comptent sur les aides de l’état. Mais ces subventions aiguisent également l’appétit de professionnels peu scrupuleux prêts à tout pour capter cet argent à votre place. Dans le Val-d’Oise, Sébastien et Julie se sont offert une jolie maison de 125 m² pour 225 000 euros. Mais avant d’y vivre, ils doivent refaire toute l’isolation ! Sols, toit, murs… le chantier est titanesque. Sébastien travaille comme comptable, Julie comme infirmière libérale. Ils ont un budget limité. Alors pour faire des économies, ils ont décidé de tout rénover eux-mêmes, sans faire appel à des professionnels. Durant des mois, ils vont jongler entre ces travaux, leur emploi et leurs deux enfants de 2 et 4 ans. Pour réussir, le couple va tenter de s’en remettre à la solidarité familiale. Lancer un chantier de rénovation dans une copropriété est souvent un casse-tête. Près de Metz (Moselle), Sylvie ne supporte plus d’avoir froid dans le petit appartement dont elle est propriétaire dans un immeuble vétuste. Mais refaire l’isolation du bâtiment va coûter très cher. Et à l’image de Sylvie, maman solo qui travaille dans une usine, les copropriétaires ont pour beaucoup des revenus modestes. Or les travaux vont coûter, en moyenne, 20 000 euros à chacun. Les assemblées générales promettent d’être animées. Et Sylvie va se montrer très persuasive pour convaincre tout le monde de mettre la main à la poche. Près de Toulouse (Haute-Garonne), Émilie, vendeuse en boulangerie au chômage, et son compagnon Benjamin, chauffeur de bus, n’auraient pas pu se lancer dans leur chantier de rénovation sans les aides de l’état. Car la maison de famille de 1875, cadeau de la grand-mère, n’est absolument pas aux normes. Grâce au dispositif MaPrimeRénov, ils ont pu bénéficier d’une subvention de 60 000 euros. Mais le couple, qui a trois enfants à charge, va malgré tout devoir serrer son budget pour financer les travaux. L’état a récemment été contraint de restreindre et de plafonner ses aides à la rénovation énergétique. Car ce dispositif, qui a coûté l’an dernier plus de 3 milliards d’euros d’argent public, a ouvert la porte à de nombreuses arnaques : démarchage abusif, usurpation d’identité, faux labels… Des milliers de Français ont été victimes d’artisans malhonnêtes. À Mèze, près de Montpellier (Hérault), Cathy vit aujourd’hui sans chauffage dans sa maison. Cette retraitée, qui touche une pension modeste, a été abusée par un chauffagiste censé lui installer une pompe à chaleur. Après lui avoir fait souscrire un crédit pour plus de 20 000 euros, le professionnel n’a jamais installé le nouvel appareil. Et la retraitée serait loin d’être sa seule victime. Elle va tenter d’aller en justice pour obtenir réparation.